La permaculture, une source d’inspiration pour l’entreprise…

Par - 7 octobre 2022

PermacultureDéfinie pour promouvoir de nouveaux modes de production agricoles plus respectueux de la nature tout en étant aussi performants, la permaculture repose sur une éthique et des principes dont les dirigeants peuvent s’inspirer pour développer des entreprises plus résilientes et durables.

La permaculture vise à concevoir des systèmes de production en s’inspirant de la nature et de son fonctionnement afin de reproduire la stabilité, la productivité et la résilience des systèmes naturels. On retrouve cette recherche de pérennité, de viabilité et de soutenabilité dans l’expression anglaise « permanent agriculture » qui a donné le mot « permaculture ».

Ce concept, défini dans les années 1970 par deux universitaires australiens, Bill Mollison et David Holmgren, est issu de multiples sources d’inspiration qu’il fédère et met en cohérence dans une approche systémique tels que les travaux du microbiologiste japonais Masanobu Fukuoka[1], les savoirs des sociétés préindustrielles ou les découvertes scientifiques récentes sur le monde du vivant…

La permaculture s’est avérée particulièrement productive dans l’agriculture en générant des rendements importants (supérieurs à l’agriculture biologique et même à l’agriculture conventionnelle, sur des petites surfaces) tout en réduisant la consommation de matières premières et d’énergie (et donc l’impact carbone de l’activité) et en préservant la nature (fertilité des sols, biodiversité…).

Une méthode de conception déclinable dans de nombreux domaines

La permaculture est avant tout une méthode de conception qui s’appuie sur une éthique, des principes et des techniques adaptés à chaque contexte.

Trois principes éthiques sont indissociables :

  • Prendre soins de la terre (la terre nourricière et la planète)
  • Prendre soins des hommes (au sens individuel et collectif)
  • Partager équitablement (limiter la consommation des ressources naturelles et redistribuer les surplus)

Une vingtaine de principes ont également été définis, tels que :

  • « Observer et interagir » : principe clé de la méthode, car prendre le temps d’observer attentivement un lieu, une situation, une organisation est indispensable pour prendre des décisions pertinentes. En outre, l’interaction entre acteurs favorise la coopération, la créativité et la performance globale.
  • « Chaque fonction est remplie par plusieurs éléments » : cette redondance des éléments clés apporte la stabilité et assure la résilience du système. Par exemple, la captation d’une eau de source ou l’installation d’un récupérateur d’eau de pluie permettent de pallier une coupure d’eau courante. Ce principe peut être appliqué dans toute organisation dont les ressources clés doivent être sécurisées pour son développement.

Les autres principes – « se servir de la diversité », « intégrer plutôt que séparer », « utiliser des ressources renouvelables », « appliquer l’autorégulation »… – sont autant de sources d’inspiration pour l’agriculteur, le citoyen, le dirigeant d’entreprise ou l’entrepreneur.

Vers l’exploration de nouvelles sphères d’innovation pour l’entreprise

Le corpus méthodologique de la permaculture peut être appliqué pour répondre à de nombreux enjeux de l’entreprise. A titre d’exemple :

  • Comment améliorer la stabilité et la résilience de l’entreprise dans un contexte où incertitude, imprévisibilité et complexité sont croissantes ?
  • Comment diffuser une culture de la frugalité tout en contribuant à l’épanouissement des équipes et au développement de l’activité ?
  • Comment répondre aux attentes nouvelles des salariés, notamment les plus jeunes en matière de management et de RH (quête de sens, autonomie accrue, régénération des énergies…) ?

Transposer la permaculture dans le champ de l’entreprise et du management ouvre un large champ des possibles. Cela permet l’exploration de nouvelles sphères d’innovation dans de nombreux domaines :

  • Concevoir des nouveaux produits en s’inspirant de la nature, en la respectant (biomimétisme, écoconception…)
  • Définir des modèles économiques soutenables et économes en ressources (économie circulaire, économie de la fonctionnalité qui privilégie l’usage plutôt que la vente d’un produit…)

Les concepts d’innovation et de frugalité ne sont pas incompatibles comme l’a montré Navi Radjou dans ses recherches et comme l’illustrent quotidiennement les entrepreneurs de la Low Tech qui réussissent à « faire mieux avec moins »[2].

Enfin, si la permaculture peut inspirer, elle ne constitue en aucun cas un dogme ou un livre de recettes à appliquer tel quel. C’est à chaque organisation d’identifier, de façon collective et partagée, en mobilisant un maximum de salariés, la façon de décliner la méthode en tenant compte de son contexte, de ses caractéristiques et de ses missions. Car, comme dans la nature, au sein d’une entreprise, rien n’est figé…

[1] Masanobu Fukuoka, La révolution d’un seul brin de paille, Les éditions Trédaniel, 2005
[2] ADEME Magazine, Portrait de Navi Radjou, juin 2021
Article publié dans le numéro 398 de juillet/août 2022 de la revue Finance&Gestion

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